samedi, août 06, 2005

Jo et les femmes, partie II



J’écris ces histoires, car je ne peux pas les filmer. Les femmes et les filles ne le voudraient pas. Elles sont lesbiennes, mais de manière anonyme. Même si les sociétés d’aujourd’hui sont de plus en plus tolérantes à l’égard de notre passion et de nos tendances, et, dans mon pays, la Hongrie, mon exhibitionnisme, mes prouesses devant les caméras, m’attirent plus de sympathie que de rejet, nous ne pouvons pas nous afficher ostensiblement, car cela attire malheureusement des troupeaux d’hommes, excités par nos baisers et par nos mains dans nos chattes. Pour cela, ils ont les films, mes films, mais nos vraies amours, ils n’ont pas le droit de les contempler, sauf quelques bienheureux auxquels nous accordons un passe-droit extraordinaire, et auxquels nous offrons des images inoubliables. J’ai quelques amis parmi la gent masculine, mais ils sont rares, car les mâles ne sont pas assez subtils. Et puis avec eux, le sexe, c’est pour finir dans la petite mort du coït, qui interrompt tout, tandis que nous, même quand la vague de l’orgasme nous emporte, le désir de reprendre la montée vers les sommets du plaisir est toujours là, et ainsi certaines d’entre nous sont insatiables. Je suis insatiable. Lorsque je commence, c’est souvent pour des heures. C’est notre privilège. Jouir, et une fois que nous sommes frappées par une extase, nous pouvons recommencer. Un mâle, lui, préfère souvent se reposer, je le sais, car j’ai quelques amies comme je vous l’ai dis, hétéro, et puis il n’y a pas de portes fermées dans le milieu du X. En général, lorsque je commence une nuit de baise, c’est pour finir après le lever du soleil. Et ainsi je peux éprouver une dizaine d’orgasmes, au minimum. Après, bien sûr, je suis fatiguée, mais j’aime être ainsi fatiguée, car en fait, mon corps a tellement vibré que je me réveille avec une énergie formidable. Tu te demandes sans doute comment j’ai commencé. En fait, je sais depuis toute petite que j’aime regarder les filles et que j’étais curieuse de soulever leurs culottes, et plus tard, de regarder dans leurs décolletés. Mais ma première fut une femme, une vraie femme, l’une de mes professeurs.

Il faut dire qu’elle était tellement belle que je passais les cours à l’admirer, presque incapable de prendre des notes, au point que je devais me forcer à faire semblant de suivre. Mes notes ne suivaient pas, et elle fut étonnée de constater que mon intérêt pour l’anglais ne se traduisait pas dans des notes probantes. Par contre, je pouvais écrire un texte sur sa beauté, sur ses courbes, et sur ce que j’imaginais pouvoir faire entre ses bras et entre ses cuisses. J’eus beaucoup de chance, car il faut croire qu’elle n’était pas insensible à ma beauté, puisqu’elle me proposa de me donner quelques heures de cours particuliers, et j’acceptais avec timidité, pour ne rien lui montrer de ma joie. Je comptais les jours qui me séparaient du rendez-vous, fixé chez elle, dans sa grande maison, à la périphérie de Budapest. Je m’habillais de manière provocante, malgré les frimas de l’hiver. Ma jupe était courte, sans bas, et mes jambes étaient donc transies par le froid, et j’espérais ainsi de lui suggérer de les réchauffer ! Sous ma veste, j’arborais un splendide décolleté, même si mes seins ne sont pas énormes, pour qu’elle puisse les admirer, et plus encore. Lorsque je sonnais et qu’elle ouvrit la porte, nous fûmes stupéfaites de constater que nous avions choisi des vêtements semblables ! Elle me fit l’éloge de mon habillement, mais surtout de ma beauté ! Elle entrait donc dans le vif du sujet, si vite. Je lui répondis que ma beauté n’était rien en comparaison de la sienne. Et je ne mentais pas. Grande, son visage était ovale, ses yeux verts, et sa bouche charnue. Ses cheveux étaient si longs qu’ils descendaient jusqu’aux fesses, et je rêvais de les lui croquer avec ses cheveux mêlés aux miens, ou mieux encore, lorsque ma tête serait au-dessous de ses fesses, pour les mêler aux poils de sa toison. A intervalles réguliers, elle jetait des regards lourds de désir sur mon décolleté, et plus elle le faisait, plus je bombais le torse pour exhiber plus encore leurs formes. Je ne m’étais donc pas trompée en devenant obsédée par cette femme, car elle promettait de devenir mon initiatrice dans les plaisirs lesbiens dont je rêvais depuis des années. Et j’en avais assez d’attendre ! Elle me conduisit au salon pour m’offrir un café. Nous étions assise l’une près de l’autre sur un confortable canapé. Nos regards me semblaient si transparents sur notre désir commun, mais elle ne fit aucun geste, alors que je l’attendais avec tant d’ardeur. Elle me proposa de nous mettre au travail, à son bureau. Elle me soumit un texte, et me demanda de le lire, et puis après de le traduire. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir qu’il s’agissait de l’extrait d’un roman dans lequel une narratrice contait une scène de séduction avec une jeune fille ! J’étais stupéfaite de son audace, car tout de même, il s’agissait d’une femme, mure, bien sous tout rapport dans la société, une bonne société qui ne s’imaginait sans doute pas les fantasmes et la la licence d’une femme dont les apparences semblaient assuraient au contraire une certaine rigueur ! Je lus à haute voix le texte en tremblotant, et je savais qu’elle avait remarqué le tremblement de mes mains, la légère transpiration qui commençait à couler sur mes mains et mon front. Car la scène, bien écrite, était si sensuelle, que je transposais les prénoms et les formes des deux personnages avec elle et moi, et je commençais à mouiller dangereusement. Mon écoulement intime allait finir par se sentir. Elle affirma que je devais avoir encore froid, «dans une telle tenue», et sans que j’ai eu le temps de crier gare, elle attrapa une couverture qu’elle déposa sur mes jambes, dont la nudité disparut. Je me demanda si elle comptait me couvrir ainsi de la tête au pieds pour faire disparaître mes formes, et si elle espérait ainsi éteindre le feu de son désir pour moi. Mais je me trompais. Sans que j’eusse imaginée une telle proposition, elle me demanda brusquement si je ne préférais pas étudier ensemble au lit, sous les draps, pour ainsi ne plus subir le froid. J’acquiesçais de la tête, sans dire un mot. Désormais, les choses étaient claires et évidentes. Cette femme allait me b….

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Hello,
Une petite faute : " Je me demanda", environ dix lignes avant la fin. J'ai pas regardé en détail (j'avais pas l'esprit à ça, hé!)mais je pense pas qu'il y en ait d'autres. Mais une merveille pareille, ça mérite la perfection c'est pourquoi je me permets cette correction outrancière. ;)
Quel texte ! J'ai tout lu d'une traite. Quelle sensualité, quel sublime délice, quel... les mots me manquent. En plus, on attaque pas tout de suite, on laisse monter le désir, et ça, c'est superbe. D'ailleurs, je suis tellement dedans que même si les protagonistes (ah, magnifique Jo...) ne concluaient pas, j'adorerais quand même.
Bonne continuation.

SapphoetBilitis a dit…

Merci pour elles ! Car ce sont d'elles et de leurs vraies relations que la narratrice puisent un récit qui, quoique fictif en apparence, possède tous les atouts d'une réalité qui, comme chacun le sait, dépasse la fiction ! "Homo-auto-biographie"; ce qui, dans la France de Houellebecq, ne surprendra personne, sauf les... Nous naviguons ainsi : entre le chant des Sirènes, et leurs corps approchés, touchés, ... Lame-our-à-mort, mais nous ne mourrons pas. Dans le plaisir réside au contraire le secret de l'éternelle génèse de la jeunesse...